Le Moche

de Marius Von Mayenburg

La pièce

« Lette est un talentueux ingénieur, spécialisé dans les systèmes de sécurité électrique. Un jour, son supérieur Scheffler préfère envoyer son assistant Karlmann lors d’un congrès pour présenter sa dernière réalisation, le connecteur 2 CK, argumentant que le physique de Lette n’est pas assez attractif pour les clients. Lette se rend compte de quelque chose qu’il n’avait jamais su : son visage est hideux. Sa femme lui confesse alors : « Tu es moche. C’est une réalité. Personne ne peut penser autre chose en te voyant. Ça me dépasse que tu ne le saches pas ». Lette décide alors de subir une opération de chirurgie esthétique chez le professeur Scheffler… »

Qu’on le veuille ou non dans toutes les sociétés, on se moque de ceux que l’on trouve moche. Cela nous renvoie aussi à nous même, suis-je moche ou beau ? Il est facile de s’identifier à ce personnage et de se demander : est ce que le regard des autres pourrait changer sur moi si mon apparence était différente ?

A notre époque où le physique et le « look » ont pris une telle importance, il m’a paru indispensable de traiter ce thème, qui est ici abordé avec un humour plein de cynisme qui est propre à Mayenburg.

Une tranche de vie, un rêve ou un cauchemar : les scènes s’enchainent très vite, avec un rythme soutenu. Trois acteurs jouent huit personnages alors que Lette, lui, se retrouve coincé au centre de ce tourbillon schizophrénique.

Cette magnifique pièce nous porte pendant une heure entre rires et larmes.

L’auteur

Né à Munich, Marius Von Mayenburg commence par faire des études de littérature, de langue et civilisation allemandes avant de venir à Berlin et d suivre des cours d’écriture scénique notamment avec Yaak Karsunke et Tankred Dorst. Ses premières pièces datent de 1996. Il écrit à partir d’un fait divers des années 1920 Haarman, la chronique d’un tueur en série surnommé le «boucher de Hanovre» et il obtient plusieurs prix l’année suivante pour une pièce qui très vite fera le tour du monde: Visage de feu. Il est mis en scène par Thomas Ostermeier avec qui il collabore à la baracke de Berlin. En 1999, il s’intègre à l’équipe de la Schaubühne, comme auteur, dramaturge et traducteur (Sarah Kane, Martin Crimp… ).

De la dizaine d’œuvres théâtrales qu’il a écrites, seules quatre sont traduites, semblables par l’enchevêtrement des lieux et des temps, par le clignotement incessant des points de vue, mais très différentes par leur ton, encore que la violence et l’agressivité en soient la marque commune. « Le cours impitoyable de l’existence repart avec son marteau-pilon, si possible en pleine figure », cette phrase de Mayenburg conviendrait à des personnages (ceux de Parasites ou d’Eldorado) qui ne connaissent que de brèves lueurs d’espoir en forme d’appel à l’aide. Mais quand il s’en prend à la bourgeoisie allemande, l’auteur s ‘en donne à cœur joie dans le portrait-charge et le jeu de massacre. Son Enfant froid est une sorte de Feydeau brutal et priapique, où un personnage traverse la pièce braquemart au vent tandis que les autres, hommes et femmes, satisfont, en rêves ou en actes, leurs pulsions de mort ou leurs besoins sexuels. La verdeur de style se met alors au service d’un burlesque grinçant.

La distribution

Mise en scène : Stéphanie Dussine

Comédiens : Francis Audijer, Justine Assaf, Stéphanie Dussine, Antoine Hirel et Olivier Pruniaux

Maquilleuse : Agathe Angeli

Scénographie : Thiery Zarader

Vidéos : Nouvelle ère productions

Les photos